Deux maîtres des horloges hantent ce programme. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le jeune György Ligeti compose deux œuvres géniales : placée sous le signe de l’accumulation, Musica Ricercata (1951-1953) invente un dispositif facétieux, où les notes s’ajoutent une à une au gré des différentes pièces. La même année, le jeune compositeur hongrois livre son Quatuor n° 1 « Métamorphoses nocturnes », poétique hommage à un autre grand musicien hongrois tout juste disparu, Béla Bartók. Œuvres de jeunesse mais coups de maîtres, les deux pièces signent aussi par leur modernité radicale la fin de la carrière de Ligeti dans une Hongrie communiste, annonçant son passage à l’Ouest. Bien des points communs rapprochent Ligeti de Philip Glass : tandis que le musicien européen livrait des œuvres hantées par l’expérience du temps, son cadet américain invente des rythmes obsédants, placés sous le signe du Pattern (motif). En 2018, son Quintette avec piano « Annunciation » rappelle combien Glass, passé l’art dans les boucles temporelles, est aussi un mélodiste né.
Fidèle de la Belle Saison, Vanessa Wagner se joint au Quatuor Tana, passionné par la création contemporaine, pour un concert placé sous le signe du temps, de ses métamorphoses et de ses illusions…